Ces dernières années,
on aura remarqué sur les médias une préponderance de videos ou des images de
soi-disant hommes de Dieu qui abusent de leurs croyants. Ces derniers se laissent
manipuler par ces supposés hommes de Dieu, qui leur font faire n’importe quoi
dans le nom de miracle. Ils leurs font manger de l’herbe, des mèches et leur
marchent dessus. Bref des choses qui laisse perplexe ceux qui les entendent. Plus recemment au Ghana, un pasteur a affirmé pouvoir se transformer
en serpent. On entend alors des arguments tels que les africains manquent
de raisonnement et cherchent des miracles à tout prix sans avoir à menager
aucun effort, et j’en passe. Des propos qui sont insultants et dévalorisants
d’autant plus qu’ils sont répétés par des africains. Ce raisonnement peut bien
sembler valide mais je partage ici mon avis sur la question.
Toutes ces personnes qui partagent cette opinion s’attaquent
en premier au raisonnement de ces croyants facilement impressionnables. Comment
peut-on se laisser manipuler à manger de l’herbe? Comment peut-on penser que se
transformer en mouton peut résoudre ses problèmes? La question que je me pose
c’est si l’education y serait pour quelque chose. Quand on regarde de près ces
personnes qui accourent vers les églises, on pourra remarquer qu’ils ont
souvent un niveau d’études relativement bas. Je ne dis pas que l’école est tout
mais, elle apporte un plus et nous permet d’acquerir une plus grande ouverture
d’esprit. Et combien de personnes sont d’ailleurs éduquées? Je ne parle pas de savoir
lire et écrire mais d’éducation qui nous permette de faire la synthèse entre ce
qui nous est enseigné à l’école et ce que nous vivons? Bon nombre de personnes
passent par le système éducatif sans réellement apprendre grand chose. Combien
de personnes reçoivent même cette éducation de l’école. On doit reconnaitre que
l’Afrique n’a pas que des gens lettrés. Il y a dans les villages des enfants et
des jeunes qui ont du mal à avoir accès à l’école, et même en ville ce n’est
pas tous ceux qui s’y retrouvent qui ont nécessairement accès aux bienfaits de
l’éducation. Sans éducation vous comprenez donc que n’importe quelle personne
influençable peut se retrouver embobiner dans le tissu de mensonges qu’idéalisent
ces vendeurs d’illusions.
Le deuxième facteur qui peut contribuer aussi à l’ignorance
des croyants est l’idée traditionelle de Dieu. On sait que le
Christianisme en Afrique est relativement jeune. En d’autre termes, l’Afrique a
été introduite au christianisme avec la colonisation
(certaines parties du continent plus tôt) et il a été imposé à coups de fouets et
de sanctions dans beaucoup de contrées. Il a fallut accepter Jesus Christ de Nazareth
sans vraiment apprécier cette religion étrangère. Il serait selon les colons
mieux que toutes les autres divinités qui existeraient déjà dans nos cultures.
Accepté bon gré mal gré, Jesus est resté et on a relayé nos divinités au second
plan. On sait néanmoins que ces croyances n’ont pas disparues, elles ont acquis
mauvaise réputation certes, mais elles subsistent avec le christianisme et leur
influence n’est pas des moindre. Les prêtres et prêtresses de ces croyances sont
respectés voire même craints. Ils ont droit de veto sur toute personne et
peuvent te rendre fou ou te tuer si tu ne satisfais pas leur demande. Ils sont
les seuls à savoir quelle divinité invoquer dans une situation et quelles démarches
suivre pour sortir d’une situation. Ce ne sont pas des gens avec qui tu peux
jouer aux intelligents ou poser des questions rationnelles. Ce qu’ils disent
est parole d’évangile puisqu’ils sont les seuls à communiquer avec les dieux et
font part de leurs demandes aux communautés. Ces prêtres seraient dotés de
pouvoir terribles. Et ces divinités? Elles sont reputées pour leurs actions
rapides et terribles. Je me rapelle encore de ces histoires du dieu du tonerre
appelé Zangbéto à Lomé. On fait appel à lui entre autre pour foudroyer une
personne qui vous aurait volé un bien. Avec quelque sacrifice, on l’invoquait
et dans un semblant de pluie, un éclair sortait de nulle part pour foudroyer le
coupable. Et même aujourdhui n’y a t-il pas beaucoup de personnes qui invoquent
des sorts sur une personne qui lui cause des difficultés? Telle est la réputation
des divinités d’Afrique.
Que ce soit pour devenir riche, pour être prospère,
trouver l’amour, attirer les hommes, ce sont des sorts qui ne tardent pas, qui
marchent comme des miracles. Ainsi donc dans une communauté où ces deux
croyances vivent côte à côte et sont juxtaposées, je crois qu’il est plus que compréhensible
que la plus forte influence la plus pacifique. D’autant plus que la croyance
traditionelle etait présente dans la réalités africaines bien avant le
christianisme. En apportant le Christianisme, on avait vanté ce Dieu de
meilleur à toutes les divinités africaines rassemblées. Comment ne pas espérer
de miracles lorsque l’image du nouveau dieu a été tissée sur l’image que l’on
avait déjà dans la structure africaine? Vous me direz c’est différent que je
vous demanderez comment vous le savez? N’oublions pas que pour comprendre
certaines choses on les identifie à ce que nous connaissons déjà. Et ceci n’est
pas un cas à part.
Vous pourrez encore là dire que s’ils ne comprennent pas
pourquoi ne pas poser de questions. En dehors de l’image que nous avons de ces
prêtres traditionelles, et qui joue également en défaveur de ces personnes,
c’est que l’histoire de Jésus n’est pas dans un contexte africain. La bible est
regorgée de références culturelles sur la culture hébreux et pour ne pas
souvent méprendre la Bible et mal l’interpreter, il est nécessaire de connaitre
le contexte culturel dans lequel certaines pratiques été faites pour évaluer à
juste prix l’évenement. C’est comme tous ces clichés que l’Afrique a sur
l’occident qui sont perpetués dans les médias et qui le montre souvent comme un
paradis. C’est juste différend et on l’accepte comme tel.

Le troisième point important c’est la situation sociale de
ces personnes. Ces personnes n’ont peut être pas grand chose et avec nos systèmes
politques où le pauvre n’a ni place ni de voix, pensez bien que c’est dur. Ce
n’est pas toujours que ces personnes ne veulent rien faire, avec les
changements climatiques et les pluies qui se font de plus rares, il devient plus
dur pour les cultivateurs de subvenir aux besoins de leur familles. Lorsque même
le systeme hospitalier tue plus qu’il ne guérissent les malades, faute de
subventions et d’équipements, à qui se tourner? Lorsque quand tu ne connais
personne, tu ne vaux pas grand chose, que faire? Lorsque les gouvernements ne
pensent aux contrées démunies qu’aux temps de campagnes électorales, à qui le
pauvre peut-il se tourner sinon Dieu? Serait-ce donc un crime de vouloir faire
recours à une force supérieure à celles des humains quand on est dans le désespoir?
Il est facile d’être répus et de faire des réflections philosophiques mais
lorsque vous avez à subvenir aux besoins de votre famille et que vous ne
trouvez aucun soutien, où le trouver sinon dans le réconfort qu’un Dieu la haut
voit vos peines et les recompenseront à juste titre. Ce que toutes ces personnes
qui deviennent des juges semblent appeler ignorance est juste un cri d’espoir. Un
espoir payé au prix des maigres ressources dont l’on disposait.
A la lumière de tous ces facteurs, je crois qu’il serait
plus sage de ne pas porter de jugements hâtifs envers ces personnes. Au lieu de
juger ces pauvres personnes et ainsi créer un nouveau stigmate sur les noirs ou
les encourager, il serait peut être temps qu’on pense à régulariser la création
d’églises en Afrique afin de proteger ces citoyens. Ne serait-ce pas une
opportunité pour nous de faire pression afin que des actions concrêtes soient
prises. Ce qui m’a frappé le plus, c’était le manque de compassion de l’africain
pour l’africain. Pourquoi sommes-nous si pressé de juger nos propres semblables
et d’accepter les idées reçues sur les africains sans chercher à nous
comprendre. Ceci dit je veux rapeller que ce n’est que mon humble opinion, pas
une apologie pour justifier ceux qui se laissent prendre au jeu de ces faux
prophètes mais je crois que lorsque le continent sera plus juste envers chacun
de ses compatriotes, lorsque les gens ne mourront plus de faim, on pourra
vraiment exiger d’eux des réflections sur leur choix de croyances pour le
moment “ventre affamé n’a point d’oreilles”.
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