Monday 6 March 2017

La dépigmentation : notre part.


Comme je l’ai dit dans le post précèdent, inculpez les filles ne va pas faire disparaitre le problème de la dépigmentation c’est bien plus qu’un problème de jeunes filles qui n’aiment pas leurs peaux. J’en avais déjà parlé ici mais en anglais je crois et comme je travaille encore sur la partie anglaise de mon blog, vous allez devoir attendre un peu avant de relire le post en question, bref, ne tergiversons pas. La dépigmentation est plus humaine : on n’est pas satisfait de ce qu’on a, on veut être plus comme l’autre. Ce ne sont donc pas que les africaines qui sont impliquées.

Mais ce post parle de plus que de la dépigmentation, au vu de ce qui se passe dans le monde, je trouve quand même assez bizarre qu’on se plaigne que la peau noire soit mal vue et traitée alors que même chez les nous la peau noire est discriminée, enfin un peu moins de nos jours mais quand même la chose existe. Ça ne devrait pas plutôt être le contraire ? Entre temps aux états unis (c’est toujours là-bas que les choses se passent) on a décelé le colorisme qui est la discrimination basée sur l’intensité de la couleur de peau. Un peu partout dans le monde notamment en Afrique, on relève que les peaux plus foncées sont moins considérées que les peaux claires.  Etant donné que la plus grande majorité de peaux noires se trouve ici en Afrique, si on la chérissait comme on devrait le faire, ce serait nous qui montrerions et motiverions les autres peaux sombres que ce soit indiens, mexicains, porto ricains ou même chinois à accepter et aimer leur couleur parce qu’ils partagent la mélanine d’un grand continent, berceau de l’humanité et de grands empires que le monde ait connu, mais non.

Il n’en est pas ainsi
C’est nous qui nous inspirons des américains pour faire bouger les choses chez nous, le cheveu crépu, ce qu’on appelle : le retour au naturel en est un exemple palpable. Vous me diriez que le plus important c’est qu’il y ait un éveil de conscience, peu importe d’où la motivation vient et je serai tout à fait d’accord. Je trouve d’ailleurs que le mouvement de cheveux naturels n’aurait pu renaitre ailleurs qu’aux Etats Unis. Pourquoi ? Parce que dans cette société, il y a un perpétuel conflit d’intérêt entre les blancs et les noirs et ceci est une grande motivation pour affirmer sa personnalité, son histoire et ses origines. En Afrique ce mouvement aurait eu du mal à prendre racine, sauver la culture à plus forte raison les cheveux n’est pas encore un cheval de bataille. Donc si ce mouvement devait commencer en Afrique, il n’aurait aucune ampleur et échouerait. Ce qui vient d’ailleurs est tellement plus alléchant que ce qu’il y a chez nous. Il n’est nullement lieu ici de critiquer les apports positifs qui nous viennent d’ailleurs mais de reconnaitre que nous n’assumons pas notre part de responsabilité qu’on cache derrière la montagne d’excuses ridicules qu’on défend hardiment avec de la rhétorique.

C’est nous qui tuons nos peaux en exportant des produits corrosifs pour la santé et la peau de nos sœurs et de nos mères. Oui je dis bien ‘nous’ parce qu’avant qu’elles (les consommatrices) ne connaissent ces produits, il a bien fallu qu’une autorité ait accepté que ce produit entre sur le continent, qu’une autre personne accepte de faire la publicité et que d’autres les mettent en vente donc la responsabilité on se la partagera à juste valeur. C’est nous qui avons des manières désobligeantes envers les peaux trop noires, les appelant de tous les noms et en les traitant comme si elles étaient moins belles parce que noires. Personne ne nous aide à stigmatiser la peau noire, nous le faisons bien tout seuls, alors oui quelle image veut-on donner aux autres par rapport à notre peau ? Qu’on est mieux sans ? Et surtout pourquoi espérer que les autres respectent ce que vous dédaignez ? De toute façon si notre entourage immédiat ne s’adonne pas à la dépigmentation ça ne nous importe pas réellement. N’est-ce pas ? Allez soyons sincères, pour une fois ! Dans mon post d’il y a un an, je relevais que c’est parce que la peau noire ne nécessite pas d’entretien continu et méticuleux que l’on pense qu’il n’a pas de valeur, alors que le teint clair doit être bichonner au risque de la première tâche qui gâcherait le tableau d’une peau parfaite et qu’il (le teint clair) nécessite de ce fait un budget plus ou moins important. Donc, acquérir une peau claire est un luxe, un luxe pas donné à ceux ou celles qui n’en n’ont pas les moyens d’où notre attachement à son image de luxe.

Ainsi oui, c’est chez nous que tout ce qui est africain est rejeté et on s’étonne que le monde en fasse autant. C’est en Afrique qu’être un traditionaliste est considéré comme mauvais, c’est en Afrique que suivre les us et coutumes est considéré comme machiavélique. C’est en Afrique que ne pas savoir d’où on vient, notre langue maternelle, notre culture est considérée comme moderne et une attitude sage qui nous sauve des sorciers. C’est en Afrique que si on est trop noir, on est moche, si on a les cheveux crépus on est pauvre et si on ne passe que le beurre de karité on est radin. Oui oui, c’est en Afrique qu’être africain est une tare mais bien sûr prenez les devants pour aller montrer au monde comment il faut traiter l’africain avec respect. Investissez-vous dans les discours pour dénoncer les crimes passés, présents et éventuels contre la race noire. Maniez la langue à votre gout pour nous faire languir de vos métaphores et de votre ingéniosité de raisonnement et oubliez comment chaque jour vous tuez l’Afrique pour quelques sous. Oubliez comment vous l’assenez de coups pour plaire à une image qui n’est pas la sienne, qui n’est pas la nôtre.


Au lieu d’abuser de vos mots pour salir ces femmes qui n’en restent pas moins africaines, je vous exhorte à investir votre salive dans la règlementation des produits cosmétiques. Je trouve particulièrement intéressant que l’argument principal contre la dépigmentation soit la santé comme si, si on pouvait le faire sans avoir de cancers ou autres, ce serait parfaitement normal de se débarrasser de ce qui fait de nous des africains. 

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