Naka veut qu’on
lui achète une nouvelle poupée ! Elle a tout fait pour attirer l’attention
de ses parents et les convaincre de la lui acheter. Il faut dire que du haut de
ses 7 ans, elle savait s’y prendre pour obtenir ce qu’elle veut :
l’avantage de la benjamine, certains diront. Mais cette fois ci papa était catégorique
et maman restait de marbre face à ses pleurs et ses tentatives d’amadouement.
Et pourtant elle la voulait tellement cette poupée, la première qu’elle avait
vu à la peau aussi noire que la sienne, en plus elle portait de jolies couleurs
comme sa maman quand elle s’apprêtait le dimanche pour la messe. Pourquoi, son stratège
ne fonctionnait-il donc pas ? elle avait essayé de demander à maman de sa
voix mielleuse, celle-ci a juste rappelé qu’elle avait déjà beaucoup de jouets.
Elle a même essayé de pleurer, de faire mine d’être malade, mais depuis deux
semaines rien de tout cela ne marchait. Elle a commencé à être serviable pour s’attirer
les bonnes grâces de papa. Exacerbé, ce dernier fini par conclure un accord, si
elle arrivait à apporter une petite contribution il l’aiderait à l’acheter.
Naka était décidée, sa poupée était a porté de main et rien ne l’arrêterait. Elle
commença à économiser 50 francs à chaque fois qu’elle pouvait. Elle avait même convaincu
ses oncles et ses grands frères de lui donner quelque sou. En un mois, elle
avait réussi à obtenir la moitié des sous dont elle avait besoin et papa tout
content et fier de sa fille lui offrit sa poupée couleur d’ébène drapée dans
son pagne en couleurs.
Ce sont les
petits ruisseaux qui font de grandes rivières…
Ouf, enfin arrivée.
Depuis quelle s’est décidée à avoir cette promotion, Emma ne rentre que tard tous
les soirs. Elle reste au bureau jusqu’à 22h tous les jours. Travailler dans la
finance c’est bien intéressant mais c’est surtout épuisant encore une chance
qu’elle n’ait pas des enfants, comment jouer son rôle de parent à plein
temps alors qu’on a des difficultés a trouvé le temps de manger dans la journée.
En plus, ces temps-ci le bureau est sur le qui-vive. On a découvert qu’un système
pirate s’accaparait d’un centime à intervalles régulier dans tous les comptes. Ce
n’est pas une bien grande perte par individu mais mis ensemble, ce sont des
sommes faramineuses que ce pirate s’acquiert et Il faut trouver la source et arrêter
cette arnaque avant que quelqu’un d’autre ne le remarque et mette la réputation
de la banque en danger. Bref un vrai scenario tiré d’un film hollywoodien, dont
le dénouement n’est malheureusement pas connu. C’est avec soulagement, qu’elle
se laissa bercer par le bruit de baleines qui l’aide à dormir. Avant de se
laisser emporter par Morphée elle avait l’étrange impression d’avoir oublié
quelque chose, mais il était trop tard pour se relever, le lit etant trop douillé
pour se déranger. De toute façon elle avait bien mérité ce repos du guerrier.
6h déjà !!! bon on ne paresse pas, on a un temps limité pour se préparer
et se rendre au travail à l’heure. En posant les pieds sur le sol, Emma
remarque toute l’eau qui inonde sa chambre. Le réveil se fera plus vite que prévu
et surtout sans café, mais qu’est ce qui s’est passé ? Ça semble venir de
la douche, les pieds dans l’eau elle se dirigea vers la douche et elle vit la
fuite. Un plombier aussi ensommeillé qu’efficace arriva rapidement. Sa première
remarque : ça a dû être là depuis quelque temps, progressivement l’eau s’est
frayée un passage en fragilisant les parois. Emma se souvint alors, de ce
sentiment qu’elle avait eu avant de dormir. Elle se rappela de cette petite
fuite qu’elle avait vu et quelle s’était promise de faire voir à un plombier
depuis un peu plus d’une semaine. Mais avec tout le boulot et le weekend passé
chez ses parents, elle avait procrastiné ce ‘petit’ problème. Au bout du
compte, ce sera 30000 Euros de réparation pour une fuite qui aurait pu couter
moins que ça.
Ce sont les
petits ruisseaux qui font de grandes rivières…
Qui est ce ?
C’est d’une voix agacée que Biboube demande qui vient à 5h du mat déranger la
paix de la maisonnée. C’est une certaine Madame Eyou, elle vient vous demander
de prendre sa commande pour le mariage de sa fille. A cette heure ? elle
pense vraiment que je suis d’humeur à prendre une besogne alors qu’on m’empêche
de dormir ? Laisse-moi aller lui parler pour qu’elle comprenne.
-Bonjour madame
Eyou
Bonjour madame, répondit
une dame d’un certain âge, finement habillée et un peu gênée. Je suis désolée
de venir si tôt, mais je suis déjà venue cinq fois en journée, on m’a soit dit
que vous étiez absente ou occupée dans votre atelier. Et comme je n’arrivais
pas à vous avoir au téléphone, je me suis dit que pour vous voir il me fallait
essayer une méthode folle, donc me voici.
biboube adoucie
par ce récit répondit sans trop d’animosité, que puis-je faire pour vous ?
- merci de m’écouter,
ma fille se marie dans un an et je me demandais si vous pourriez faire sa robe
de mariage.
-Je ne fais pas
les robes de mariées mais j’aime bien le défi et pour votre courage je veux
bien vous faire plaisir. Laissez vos cordonnées je demanderais à mon assistante
personnelle de vous contacter. Bonne journée madame Eyou, votre fille a de la
chance de vous avoir comme mère.
Biboube retourna
se coucher. On ne le lui avait pas encore fait le coup de 5h du matin et elle
avait même aimé l’audace de cette femme. Encore quelques heures de sommeil pour
mettre en route la machine de créativité. Et pourtant rien ne présageait, il y
a quelques années qu’elle aurait cette notoriété. C’est parti d’une machine
coudre que sa tante lui a offert et de son gout pour le détail. Le détail, elle
en a fait son métier, rien ne lui échappe. Tout est calculé au millimètre prêt.
Cette architecte de base s’était heurté au chômage et à la dépression après la
perte d’un être cher. Elle se consacra donc à la couture qui semblait calmer
ses pleurs. Un point de chainettes et puis l’autre, dessiner une robe, choisir
le tissu, la doublure étaient devenu un jeu pour elle. Ces couturières qui
donnaient du fil à retordre aux clientes et rendaient des œuvres inachevées
l’avaient motivé à commencer à coudre mieux. Au départ personne n’était intéressé
par ce qu’elle faisait, il faut dire qu’elle prend quand même tout son temps
pour ses chefs d’œuvres et les œuvres le plus souvent toutes simples n’a pas
toujours séduit les acheteurs. Il a suffi qu’une bloggeuse tombe sur une de ses
créations pour remarquer le détail, la simplicité et l’assiduité avec laquelle
la robe avait était designer. Il y avait toujours une histoire finement exprimée
derrière les coupes symétriques ou les broderies faites mains. Depuis lors, son
travail a gagné de l’ampleur. Même moi qui ait été dans son atelier (ou elle reçoit
rarement), je dois reconnaitre que c’est difficile de s’imaginer ce quelle prépare
comme création avant d’avoir le résultat fini. De l’intérieur comme de l’extérieur,
la création est parfaite : elle s’occupe elle-même de tout… dans son équipe
on compte une assistante, une comptable, une responsable marketing mais c’est
elle la pièce maitresse. Quand on lui demande pourquoi elle ne se laisse pas
aider dans son travail elle répond toujours : le détail est ma création,
un léger changement de couleur du fil peut dévaster toute mon œuvre, si je peux
le voir ça veut dire que mes clients aussi. C’est l’attention à tous ces
détails qui fait qu’on reconnait la valeur de mon travail, imaginez que je
partage les taches et que chacune des autres personnes négligent un détail insignifiant
pour eux, ma création serait alors aussi banale que n’importe quelle autre. Voilà
pourquoi je préfère tout faire, ça prend plus de temps c’est sur mais mes
clients ne se plaignent jamais de la qualité de mes créations. On pourra
toujours copier mes modèles mais le détail de la couture et la coupe du tissu
me distinguera toujours des autres. Je considère mes créations comme des objets
d’art exclusifs façonnés au détail.
Ce sont les
petits ruisseaux qui font de grandes rivières…
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