Friday 24 February 2017

Encore cette histoire de "pro femmes"

Je discutais avec une amie la semaine dernière et en me donnant son avis sur la question du féminisme, elle m’a dit qu’elle avait beau me lire, qu’elle ne comprenait toujours pas pourquoi le terme féminisme me dérangeait autant. Selon elle, il n’y avait pas de différences entre ce que je disais et ce qu’était le féminisme. Sur le coup je n’ai pas pu lui répondre parce que je ne le savais pas non plus, je trouve juste qu’il y a quelque chose d’handicapant.

Image result for the joys of motherhoodPeu après cette discussion, j’enlevais la poussière qui dormait sur mes livres en 2 ans d’absence quand je retrouvai, the Joys of Motherhood (les joies de la maternité), la première œuvre que j’ai lu de la feu Buchi Emecheta. Etant donné que c’est une écrivaine que j’affectionne particulièrement, je vous la recommande, lisez tout ce qu’elle a écrit sans modérations. Buchi Emecheta était tout comme moi une pro femmes mais ne s’est jamais laissée appeler une féministe, elle se disait simplement femme peut être par modestie ou parce qu’elle savait ce que c’était que d’être femme…

Par un après-midi chaud, une dame déposa son enfant très souffrant à l’hôpital de Kara, il souffrait d’un paludisme chronique mais la mère n’avait pas les moyens pour payer les soins médicaux. Devant la gravité de la situation, elle fut obligée d’emprunter de l’argent pour pouvoir payer les premiers soins qui s’imposaient. Après cela, il fallut trouver un moyen de payer les autres frais à venir et pour cela elle réfléchit longuement avant d’emprunter encore une fois la modique somme de 500 CFA. Elle entreprit donc de vendre des tomates : elle allait directement chez les paysans ou les vendeurs en gros acheter des tomates pour 500 CFA qu’elle revendait au marché à 1000 CFA donc 100% de bénéfices. Tous les jours, elle se levait à 4h du matin pour acheter les tomates, de retour elle faisait à manger pour son enfant à l’hôpital avant de se diriger vers le marché ou elle passait sa journée. En un laps de temps elle put payer sa première dette qui avait contribué à commencer les soins de son enfant. Elle s’y mettait si bien qu’à la guérison de son enfant, elle avait épuré toutes ses dettes, et s’était même acheté un pagne de 3 pièces.
Cette histoire vraie fut racontée par ma tante matrone dans l’hôpital où l’enfant avait été déposé pour illustrer que s’il y a des gens qui meurent de faim, c’est plus par paresse qu’autre chose.

Des histoires comme celle-ci, on en compte par centaines, les femmes africaines n’ont pas attendues le féminisme pour être indépendantes et fortes. Elles ne se sont pas assises pour pleurnicher sur leur sort quand l’avenir de leurs enfants en dépendait. Elles ont toujours frayé un chemin ou il n’y en avait pas, supporter l’insupportable pour assurer le confort de leurs progénitures. A celles qui se créent toutes seules, déplacent des montagnes si elles en sentent le besoin, vous voulez faire croire qu’elles doivent laisser ce pouvoir pour chercher le consentement des autres ? Le plus important ce n’est pas ce qu’elles endurent mais qu’elles arrivent à réussir dans ce qu’elles s’entreprennent à créer. Advienne que pourra, elles vaincront. Et ça c’est notre vraie force, ce n’est pas pour rien qu’on dit ‘ce que femme veut Dieu veut’.

C’est pour ça que je trouve le féminisme handicapant, tout ce qu’on a beau dire et faire de la femme ne l’a jamais empêché d’être ou de faire ce qu’elle voulait. Ça n’a jamais été facile et ça ne le sera jamais (d’ailleurs qu’est ce qui est facile ?) mais impossible non, nos mères et les leurs avant elles nous l’on prouvé à maintes reprises. Il y avait un professeur dans ma troisième année de Bachelors que je trouvais assez macho parce qu’il disait toujours, « pourquoi redonner du pouvoir à la femme, qui le lui avait d’abord enlevé ?». J’étais sidérée qu’un professeur d’université puisse tenir des propos aussi étranges quand il fallait défendre les actrices importantes de l’économie que sont les femmes, maintenant je comprends mieux. C’est vrai qu’il a des maltraitances envers la femme et la jeune fille pour lesquels j’ai particulièrement envie de crier mais ce qu’il faut faire c’est aider ces femmes à réaliser leurs potentiels à changer la donne si elles le souhaitent. C’est de ça qu’il faut parler aux générations plus jeunes. Leur montrer que rien ne leur est impossible afin qu’elles puissent elles même choisir en quelles termes elles se veulent femmes. Ceci pour les aider à ne pas rester victimes de la société. Il faut aussi leur faire comprendre qu’il n’y a pas d’élévation possible sans une entraide mutuelle avec les autres femmes. Nous ne sommes pas en compétition, comprenons-le et entraidons-nous !!! C’est tout c’est ce dont nous avons réellement besoin. Le reste n’est que détails et futilités. On n’a guère besoin d’être l’égale des hommes. Notre liberté se trouve dans la reconnaissance même du pouvoir qu’est d’être ‘femme’. Oui femme dans son entièreté, ses forces et ses faiblesses.


Voilà pour ma part, je me suis étendue encore sur cette histoire de féminisme et je ne suis même pas sûre d’avoir touché le fond avec ce sujet. J’espère au moins avoir pu faire comprendre ma position. Je ne veux en aucun cas parler en mal du féminisme ni des autres femmes du monde mais une chose est claire dans ma tête, connaitre l’histoire de ma mère, de ma grand-mère et d’autres femmes avant elles m’a permis de me rendre compte qu’avant le féminisme, il y avait la femme noire. Ce n’est pas Buchi Emecheta qui dirait le contraire, ses personnages féminins ont toujours été empreints de la liberté d’accomplissement que réclame la femme féministe depuis belle lurette. 

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