Pinocchio

Ma fille se joue les dangereuses. Je ne sais pas si c'est la puberté ou quoi. Elle a bien changé, ce n'est pas la petite fille que nous connaissions. Eh Dieu! Elle se bat avec les gens au point de les menacer avec couteau, alors que moi sa mère me suis battue qu'une seule fois dans ma vie.

Quand j'étais plus jeune, j'étais tellement maigre qu'on m'appelait Pinocchio. Tout le monde se moquait de moi et j’encaissais, mais un jour une fille de ma classe m'a provoqué, elle disait qu'elle allait me battre et j'ai dit: “tu te prends pour cassius clay ou bien ? Si tu fais pas attention, moi-même je vais te frapper ici”. Après ça, le rendez-vous fut pris pour vendredi après l'école au kaka sport. C'était un endroit sur le terrain de l'école qu'on appelait kaka sport.

Donc le vendredi tout le monde attendait le moment fatidique. Les garçons de la classe étaient déjà de mon côté, genre si elle me frappe ils vont me venger. Il faut dire que je ne traînais qu'avec les garçons parce que déjà à la maison j'étais la fille unique parmi mes frères et je suis restée la seule fille pendant longtemps, la deuxième n'a que dix-huit ans. C'est à dire trois ans de plus que ma fille.

Donc le vendredi arrive et tout le monde s'en va au kaka sport et c'est moi qui voulait plus sortir. Ce sont les garçons qui sont venus me chercher, ils m'ont tenu la main et on est allé. Voilà la fille avec ses amis, elle voulait me frapper, elle a levé la main comme ça, j'ai dévié le coup et je l'ai calée. Ohh elle était à terre et je me suis mise sur elle, je l'ai frappée jusqu'à ce que les garçons me prennent. Fallait voir la scène, ça criait hooooo, ils m'ont transporté jusque devant la maison de mon papa on dirait président. Deux jours après, les parents de la fille sont venus nous dire qu'elle avait accouché prématurément, je savais même pas qu'elle était enceinte.

Depuis le jour là Pinocchio a arrêté aussi et ils m'appelaient sagesse femme. Si ma petite soeur vient faut lui demander, elle disait souvent aux gens de l'école “tu sais pas que ma sœur est sage femme ?”

Le genre d'histoire que tu entends quand tu vas au salon de coiffure. En trois ou quatre heures, tu peux te faire une idée d'une personne et les quelques heures passées avec madame Brigitte n'ont fait que naître en moi un profond respect pour toutes les mères et cette personne que je ne connais pas. Pourquoi aller chercher un psychologue quand dans chaque quartier, il y a des endroits de détente, de partage d'information et de chouchoutage. Ah le salon de coiffure africain !