Sunday, 14 February 2016

L'AFRICAIN ET LA RELIGION

 Ces dernières années, on aura remarqué sur les médias une préponderance de videos ou des images de soi-disant hommes de Dieu qui abusent de leurs croyants. Ces derniers se laissent manipuler par ces supposés hommes de Dieu, qui leur font faire n’importe quoi dans le nom de miracle. Ils leurs font manger de l’herbe, des mèches et leur marchent dessus. Bref des choses qui laisse perplexe ceux qui les entendent. Plus recemment au Ghana, un pasteur a affirmé pouvoir se transformer en serpent. On entend alors des arguments tels que les africains manquent de raisonnement et cherchent des miracles à tout prix sans avoir à menager aucun effort, et j’en passe. Des propos qui sont insultants et dévalorisants d’autant plus qu’ils sont répétés par des africains. Ce raisonnement peut bien sembler valide mais je partage ici mon avis sur la question.

Toutes ces personnes qui partagent cette opinion s’attaquent en premier au raisonnement de ces croyants facilement impressionnables. Comment peut-on se laisser manipuler à manger de l’herbe? Comment peut-on penser que se transformer en mouton peut résoudre ses problèmes? La question que je me pose c’est si l’education y serait pour quelque chose. Quand on regarde de près ces personnes qui accourent vers les églises, on pourra remarquer qu’ils ont souvent un niveau d’études relativement bas. Je ne dis pas que l’école est tout mais, elle apporte un plus et nous permet d’acquerir une plus grande ouverture d’esprit. Et combien de personnes sont d’ailleurs éduquées? Je ne parle pas de savoir lire et écrire mais d’éducation qui nous permette de faire la synthèse entre ce qui nous est enseigné à l’école et ce que nous vivons? Bon nombre de personnes passent par le système éducatif sans réellement apprendre grand chose. Combien de personnes reçoivent même cette éducation de l’école. On doit reconnaitre que l’Afrique n’a pas que des gens lettrés. Il y a dans les villages des enfants et des jeunes qui ont du mal à avoir accès à l’école, et même en ville ce n’est pas tous ceux qui s’y retrouvent qui ont nécessairement accès aux bienfaits de l’éducation. Sans éducation vous comprenez donc que n’importe quelle personne influençable peut se retrouver embobiner dans le tissu de mensonges qu’idéalisent ces vendeurs d’illusions.
Le deuxième facteur qui peut contribuer aussi à l’ignorance des croyants est l’idée traditionelle de Dieu. On sait que le Christianisme en Afrique est relativement jeune. En d’autre termes, l’Afrique a été introduite au christianisme  avec la colonisation (certaines parties du continent plus tôt) et il a été imposé à coups de fouets et de sanctions dans beaucoup de contrées. Il a fallut accepter Jesus Christ de Nazareth sans vraiment apprécier cette religion étrangère. Il serait selon les colons mieux que toutes les autres divinités qui existeraient déjà dans nos cultures. Accepté bon gré mal gré, Jesus est resté et on a relayé nos divinités au second plan. On sait néanmoins que ces croyances n’ont pas disparues, elles ont acquis mauvaise réputation certes, mais elles subsistent avec le christianisme et leur influence n’est pas des moindre. Les prêtres et prêtresses de ces croyances sont respectés voire même craints. Ils ont droit de veto sur toute personne et peuvent te rendre fou ou te tuer si tu ne satisfais pas leur demande. Ils sont les seuls à savoir quelle divinité invoquer dans une situation et quelles démarches suivre pour sortir d’une situation. Ce ne sont pas des gens avec qui tu peux jouer aux intelligents ou poser des questions rationnelles. Ce qu’ils disent est parole d’évangile puisqu’ils sont les seuls à communiquer avec les dieux et font part de leurs demandes aux communautés. Ces prêtres seraient dotés de pouvoir terribles. Et ces divinités? Elles sont reputées pour leurs actions rapides et terribles. Je me rapelle encore de ces histoires du dieu du tonerre appelé Zangbéto à Lomé. On fait appel à lui entre autre pour foudroyer une personne qui vous aurait volé un bien. Avec quelque sacrifice, on l’invoquait et dans un semblant de pluie, un éclair sortait de nulle part pour foudroyer le coupable. Et même aujourdhui n’y a t-il pas beaucoup de personnes qui invoquent des sorts sur une personne qui lui cause des difficultés? Telle est la réputation des divinités d’Afrique. Que ce soit pour devenir riche, pour être prospère, trouver l’amour, attirer les hommes, ce sont des sorts qui ne tardent pas, qui marchent comme des miracles. Ainsi donc dans une communauté où ces deux croyances vivent côte à côte et sont juxtaposées, je crois qu’il est plus que compréhensible que la plus forte influence la plus pacifique. D’autant plus que la croyance traditionelle etait présente dans la réalités africaines bien avant le christianisme. En apportant le Christianisme, on avait vanté ce Dieu de meilleur à toutes les divinités africaines rassemblées. Comment ne pas espérer de miracles lorsque l’image du nouveau dieu a été tissée sur l’image que l’on avait déjà dans la structure africaine? Vous me direz c’est différent que je vous demanderez comment vous le savez? N’oublions pas que pour comprendre certaines choses on les identifie à ce que nous connaissons déjà. Et ceci n’est pas un cas à part.


Vous pourrez encore là dire que s’ils ne comprennent pas pourquoi ne pas poser de questions. En dehors de l’image que nous avons de ces prêtres traditionelles, et qui joue également en défaveur de ces personnes, c’est que l’histoire de Jésus n’est pas dans un contexte africain. La bible est regorgée de références culturelles sur la culture hébreux et pour ne pas souvent méprendre la Bible et mal l’interpreter, il est nécessaire de connaitre le contexte culturel dans lequel certaines pratiques été faites pour évaluer à juste prix l’évenement. C’est comme tous ces clichés que l’Afrique a sur l’occident qui sont perpetués dans les médias et qui le montre souvent comme un paradis. C’est juste différend et on l’accepte comme tel.  
Le troisième point important c’est la situation sociale de ces personnes. Ces personnes n’ont peut être pas grand chose et avec nos systèmes politques où le pauvre n’a ni place ni de voix, pensez bien que c’est dur. Ce n’est pas toujours que ces personnes ne veulent rien faire, avec les changements climatiques et les pluies qui se font de plus rares, il devient plus dur pour les cultivateurs de subvenir aux besoins de leur familles. Lorsque même le systeme hospitalier tue plus qu’il ne guérissent les malades, faute de subventions et d’équipements, à qui se tourner? Lorsque quand tu ne connais personne, tu ne vaux pas grand chose, que faire? Lorsque les gouvernements ne pensent aux contrées démunies qu’aux temps de campagnes électorales, à qui le pauvre peut-il se tourner sinon Dieu? Serait-ce donc un crime de vouloir faire recours à une force supérieure à celles des humains quand on est dans le désespoir? Il est facile d’être répus et de faire des réflections philosophiques mais lorsque vous avez à subvenir aux besoins de votre famille et que vous ne trouvez aucun soutien, où le trouver sinon dans le réconfort qu’un Dieu la haut voit vos peines et les recompenseront à juste titre. Ce que toutes ces personnes qui deviennent des juges semblent appeler ignorance est juste un cri d’espoir. Un espoir payé au prix des maigres ressources dont l’on disposait.

A la lumière de tous ces facteurs, je crois qu’il serait plus sage de ne pas porter de jugements hâtifs envers ces personnes. Au lieu de juger ces pauvres personnes et ainsi créer un nouveau stigmate sur les noirs ou les encourager, il serait peut être temps qu’on pense à régulariser la création d’églises en Afrique afin de proteger ces citoyens. Ne serait-ce pas une opportunité pour nous de faire pression afin que des actions concrêtes soient prises. Ce qui m’a frappé le plus, c’était le manque de compassion de l’africain pour l’africain. Pourquoi sommes-nous si pressé de juger nos propres semblables et d’accepter les idées reçues sur les africains sans chercher à nous comprendre. Ceci dit je veux rapeller que ce n’est que mon humble opinion, pas une apologie pour justifier ceux qui se laissent prendre au jeu de ces faux prophètes mais je crois que lorsque le continent sera plus juste envers chacun de ses compatriotes, lorsque les gens ne mourront plus de faim, on pourra vraiment exiger d’eux des réflections sur leur choix de croyances pour le moment “ventre affamé n’a point d’oreilles”.

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