L’Afrique est louée
et louable. On avance vers le développement, nos capitales sont de plus en plus
modernes, les édifices sont des plus beaux, à l’image même des villes
européennes et l’élite ne cesse de s’accroitre : on a des ingénieurs qualifiés,
des scientifiques et j’en passe. Et bien souvent, à quelques kilomètres de nos
capitales modernes à l’image du développement, des enfants meurent de faim, des
familles peinent à joindre les deux bouts. Leur unique salut, les dons des ONG
qui apportent le peu de réconfort qu’ils peuvent. Leur but, récolter des dons
pour pouvoir aider ces familles pauvres et pour cela tous les moyens sont bons.
Des photos de la réalité de ces démunis pour attirer les attentions de leurs compères,
de ceux qui en ont plus. C’est comme ça que les photos des enfants pauvres d’Afrique
se retrouvent dans les pays développés, dans le but d’inspirer de la pitié dans
toutes ces âmes qui en ont trop. C’est aussi le cauchemar de tout africain vivant
temporairement ou permanemment dans ces pays développés. Ces images d’enfants africains
pauvres et mal nourris déteignent sur tous les africains, ces photos ont
contribué à créer l’image d’un continent pauvre. Peu importe votre opulence,
votre niveau d’étude et votre aisance, ces enfants reflètent une réalité
choquante de notre continent et à un moment ou à un autre vous y serez
confrontés. On a beau faire des discours pour dire que l’Afrique est belle et
en bonne marche vers le développement, qu’il n’y a pas qu’une façade pauvre à notre
continent bienaimé. On a beau faire des éloges sur le potentiel qui est en
Afrique, il n’en sera rien tant que la pauvreté sévit dans plusieurs régions.
Pendant longtemps
j’ai été offusquée par cette image de mon continent et j’ai blâmé les médias
qui s’empressent de répandre cette image, néanmoins il faut reconnaitre que même
s’ils répandent l’image, ils ne l’ont pas inventé. Elle existe bel et bien
cette Afrique-là. Combien de vidéos n’ont pas circulé pour rappeler que
l’Afrique n’est pas que pauvre ? Quand on vit dans les grandes villes on
ne sait pas toujours le mal que se donnent nos compères dans l’arrière-pays. On
est tellement occupés à s’imbiber de médias étrangers nous donnant les
dernières nouvelles occidentales, à répliquer les semblants de développement
chez nous, à voyager à l’étranger pour prendre des selfies mais jamais à aller
connaitre les coins et recoins de nos pays. Jamais à aller dans son village ou
sa ville d’origine pour voir ce qui s’y passe. Dans le pire des cas, on crée des
histoires, des anecdotes de sorcellerie pour justifier nos manquements et les atrocités
commises aux gens comme nous. L’année dernière une vidéo a fait le tour du
net : une néerlandaise a sauvé un enfant abandonné parce qu’il était accusé
de sorcellerie. Tout le monde s’est précipité de partager la vidéo pour saluer
le courage de la jeune dame. Oubliant que ce ne sont pas des enfants
maltraités qui manquent en Afrique et que d’aucun n’aurait levé le petit doigt
pour l’aider s’ils étaient là-bas. Il faut se mettre à l’évidence, on fait mine
de ne pas voir la souffrance des autres africains sinon comment expliquez-vous
cette pratique ? Il n’y avait donc personne dans tout ce pays pour arrêter
cette pratique ? ça n’a attiré l’attention de personne ? (J’aurais aimé
que l’état prenne à cœur la situation de ces enfants de la même manière qu’il a
agi efficacement pour punir le coup de pied que Kofi Olomide a infligé à sa
danseuse). Et ceci n’est qu’une goutte d’eau dans la mer, je ne parle même pas des
enfants de la rue qui sont laissés pour compte parce que certains pasteurs les disent
sorciers. Je ne mentionne même pas le mariage forcé, précoce, les mutilations
génitales, les veuves qui sont dépossédées. Le pire c’est que certaines personnes vivant et travaillant en ville se prêteront quand même à ces jeux en
prétextant que c’est la tradition (comme quoi aller à l’école n’est pas
toujours synonyme d’éducation).
Pendant que nous
crions sur tous les toits que nous sommes un peuple digne et prouvons par A+B
que notre peuple a plus de valeur qu’on ne l’admet, on ferme les yeux sur nos vrais
problèmes. Pendant que de par le monde, nous dénonçons la discrimination contre
la race noire, on cautionne l’occidentalisation du noir : plus le noir est
occidentalisé, mieux il est considéré et envié. Comment voulez-vous qu’on nous respecte
si on ne se respecte pas nous-même ? Pourquoi les autres devraient-ils
nous regarder avec considération alors que nous posons des regards haineux sur
nos semblables. Si on ne peut pas montrer de la compassion et de la dignité
envers nos semblables, pouvons-nous prétendre à un respect des autres ? Oui
le respect ne se demande pas il s’impose mais il s’impose par des actes
concrets, pas par de belles tournures de phrases. Ne dit-on pas que La charité
commence par soi-même ? Etablissons des bases pour élever tous les
africains et par conséquent l’Afrique avant d’élever la voix contre les ceux
qui nous critiquent. Il est temps qu’on connaisse nos valeurs culturelles pour
comprendre comment nous en sommes arrivés là dans le but de faire un diagnostic
véritable et trouver des solutions applicables dans notre contexte.
On dira ce qu’on
voudra des puissances politiques de ce monde mais il faut reconnaitre que leurs
actes macabres servent un but collectif : celui d’apporter un bien être à leurs
populations. Moi je me suis toujours posée une question : si on sait ce que
ces pays occidentaux font pour dérober les richesses des autres pays :
guerres, manipulations… mais qu’on suit quand même leurs pas, où pensons-nous
aboutir ? le système capitaliste n’a jamais été pour le pauvre, le riche
devient plus riche et le pauvre devient plus pauvre et ça on le sait. Qu’est-ce
qui vous fait croire que le riche a envie de céder sa place dans un jeu/système
qu’il a créé lui-même ? Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il n’a pas une
carte cachée pour changer le jeu en tout moment ? Vous allez me sortir que
l’Afrique est riche en ressources et qu’elle peut s’auto suffire (économisez
votre salive), mais l’autosuffisance n’est pas seulement économique, si on
continue à s’aliéner à notre propre culture on s’enchainera de gré ou de force
avec la culture d’adoption.
Si on s’efforçait
d’avancer ensemble, on accomplirait bien plus et bien plus vite. Ce que les
autres ont compris c’est que chaque personne est une main d’œuvre potentielle
pour le pays ou le continent. Chaque personne est remplie de potentiel
utilisable pour le bien commun, si évidemment des structures sont mises en
place pour favoriser l’utilisation de ce potentiel. Si tous les africains
pouvaient avoir accès aux besoins vitaux, ils pourraient plus facilement mettre
la main à la pâte et le travail sera fini bien plus vite, au lieu d’avoir des
succès individuels qui nous rendent fiers mais ne font pas nécessairement
avancer la horde. On ne peut pas compter sur les gens venus d’ailleurs pour
résoudre tous nos problèmes alors que nous sommes « riches ». Chaque
africain représente l’Afrique, la richesse de l'Afrique c'est aussi dans son potentiel humain, traitons nous mieux. La pauvrete est l'affaire de tous.
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